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Anne-Laure P
Notre reportage sur les femmes d'excellence de l'Institut de la Vision continue ! Après les portraits des Docteures Deniz Dalkara, Valentina Emiliani et Kate Grieve, toutes revêtant une double casquette de directrice de recherche et de directrice d'équipe à l'Institut de la Vision, la rédaction vous présente aujourd'hui la Dr Annabelle Réaux-Le Goazigo, chargée de recherche Inserm, neurobiologiste. Elle aussi est directrice d’équipe à l’Institut de la Vision et experte dans la recherche sur les douleurs oculaires.
Via ces parcours de femmes d’excellence, il est passionnant de découvrir les multiples chemins pouvant mener à l’ophtalmologie et ses nombreux axes de recherche. Pour la Dr Annabelle Réaux-Le Goazigo, neurobiologiste chargée de recherche Inserm à l’Institut de la Vision, c’est via son expertise sur la douleur qu’elle intègre cet univers de la neuro-ophtalmologie. Après une thèse en neurosciences au Collège de France, la neurobiologiste consacre ses douze premières années de recherche au domaine cardio-vasculaire. Après son entrée à l’Inserm en 2002, elle se voit proposer un poste au sein d’une équipe spécialisée dans la douleur de la Pitié-Salpêtrière. Une opportunité pour la chercheuse qui voit dans cette thématique un véritable enjeu de santé publique, et l’occasion de mettre en perspective ses connaissances en neuro-endocrino-immunologie.
« Mes recherches étaient dédiées aux mécanismes de la douleur spinale, et en particulier à une famille de molécules spécifiques, les chimiokines, impliquées dans la douleur inflammatoire et capables de bloquer les effets analgésiques de la morphine », explique la Dr Annabelle Réaux-Le Goazigo. Une thématique novatrice, qui la mène à rejoindre en 2012 l’Institut de la Vision qui souhaite alors développer cet axe de la douleur oculaire, dont les traitements font encore cruellement défaut.
Département :
Thérapie de l'Instit de la Vision
Equipe :
Pathophysiologie du segment antérieur de l'œil
Dr Annabelle Réaux-Le Goazigo
© Institut de la Vision – SU_LArdhuin
Elle est nouvellement directrice de cette équipe dédiée à la douleur oculaire. « Nous sommes la seule équipe en France et l’une des rares dans le monde à mener une recherche fondamentale et clinique sur ce domaine de recherche émergent. Nous avons mis en place une équipe dynamique, et avec le Pr Baudouin à l’hôpital des Quinze-Vingts, cela permet de donner une véritable impulsion pour la recherche clinique sur cette douleur oculaire chronique dont on sait encore peu de choses, et qui pourtant touche un grand nombre de patients. » La douleur oculaire liée à la sécheresse oculaire compte en effet parmi les premiers motifs de consultation en ophtalmologie. Avec son équipe, la neurobiologiste poursuit différents axes de recherche, à commencer par la compréhension des mécanismes cellulaires de ces douleurs. « A l’aide de modèles, nous nous attachons à identifier les voies anatomiques impliquées dans ces douleurs, de la cornée au système nerveux central. Il s’agit de mettre en évidence les changements cellulaires et moléculaires tout au long de cette voie nociceptive, et de comprendre les altérations morphologiques et fonctionnelles des neurones nociceptifs conduisant à des douleurs chroniques. Un autre axe de recherche porte sur les mécanismes neuro-inflammatoires au niveau de la cornée, du ganglion trigéminal et du cerveau »,explique la neurobiologiste.
"Nous nous attachons à identifier les voies anatomiques impliquées dans la douleur
oculaire chronique, ainsi que le processus neuro-inflammatoire, afin d’identifier
de nouvelles cibles thérapeutiques pour soulager les patients."
© Institut de la Vision - SU_LArdhuin
En clinique, l’imagerie de la surface oculaire et en particulier de la cornée joue un rôle clef. « La microscopie confocale in vivo (IVCM) permet de réaliser une imagerie fine de l’innervation et de l’inflammation cornéenne chez le patient, et ainsi de visualiser et quantifier les altérations morphologiques des nerfs cornéens et l’inflammation cornéenne. Nous sommes par ailleurs la seule équipe au monde à réaliser des enregistrements électrophysiologiques de l’activité des nerfs cornéens dans nos divers modèles précliniques de sécheresse et douleur oculaire », poursuit la chargée de recherche.
Autre outil de pointe : le fUS, cette imagerie fonctionnelle ultra-sonore ultra-rapide qui permet d’évaluer les réponses hémodynamiques dans le ganglion trigéminé, structure contenant les neurones assurant l’innervation de la cornée. Ces approches innovantes permettent de mieux identifier les dysfonctionnements nerveux associés aux douleurs cornéennes chroniques.
L’objectif final ? Soulager les patients en identifiant et validant de nouvelles cibles thérapeutiques, personnalisées en fonction des altérations fonctionnelles mises en évidence via ces techniques. « C’est une de nos finalités à court terme, car les traitements disponibles aujourd’hui sont peu spécifiques aux douleurs oculaires »,souligne la Dr Annabelle Réaux-Le Goazigo. Un enjeu sanitaire qui suscite un vif intérêt auprès des laboratoires pharmaceutiques et des acteurs de la bio-tech. « On sent un engouement ces dernières années sur cette thématique de la douleur oculaire. En 10 ans, nous avons trouvé notre place sur cet axe de recherche émergent, et nous en sommes fiers », conclut la neurobiologiste.
Notre reportage "l'excellence au féminin" se poursuit ! La Pr Isabelle Audo et la Dr Christina Zeitz nous parleront de génétique >>
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PARTIE 1
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 10 millions de personnes dans le monde souffrent d’une perte de la transparence cornéenne, et par conséquent d’un défaut de vision.
La sécheresse oculaire est l’un des premiers motifs de consultation dans les cabinets d’ophtalmologie&nbs
Anne-Laure P
Aurélie C
Charlène H
Virginie R.